L’OUVERTURE D’UN COMPTE BANCAIRE A MAURICE

Vraisemblablement une mission des plus difficiles.

Je devrais ouvrir cet article avec la phrase précédente. Il ne faut pas se faire d’illusions. Le compte bancaire est un élément fondamental à tout projet d’installation car c’est le véhicule par lequel un demandeur de permis de séjour doit passer pour confirmer son investissement. Sauf pour le permis de séjour Professionnel (donc permis d’emplois / de travail), tous les plans de permis exigent le transfert d’un certain montant sur le compte bancaire mauricien du demandeur.

Les montants à transférer :

Permis Investisseur : USD50,000 min

Permis professionnel indépendant : USD35,000 min

Permis retraité : USD1,500 min

Malheureusement les banques ne semblent pas avoir bien assimilé le système. Elles ne sont pas cohérentes dans leurs approches et ne suivent pas la stratégie mise en place par l’Etat et le Economic Development Board (EDB) dans la démarche d’attirer les capitaux et compétences étrangers. Certaines se fondent dans le ridicule en demandant, par exemple, la raison de l’ouverture du compte. Les demandeurs sont d’abords traités par suspicion avant d’être face à un semblant d’accueil. Ceci, tout en étant en présence des preuves d’un dossier soumis en bonne et due forme auprès des instances compétentes. Elles demandent qu’un permis de séjour soit présenté quand ce même permis n’est délivré qu’après transfert de l’investissement, donc après l’ouverture d’un compte bancaire ! En ce faisant les banques ont, par eux même et toutes seules, créé un obstacle à l’investissement.

Nous comprenons fort bien que l’élément essentiel d’une opération bancaire demeure le ‘risque’ – bien sur vous êtes exemptés de formalités lourdes si vous portez un nom approprié, un statut social ou une certaine notoriété. Il faut qu’on nous explique le risque dans une demande d’ouverture de compte quand même. Certaines banques sont raisonnables en terme de procédures, mais les tarifs appliqués sont excessivement chers. Donc, tout est possible ; mais à un prix.

Ce qui dérange c’est surtout les questions idiotes et complètement hors contexte, dans un pays qui s’est fixé comme ambitions d’attirer des capitaux. Je (personnellement) ne pensais pas qu’un jour les opérateurs dans un secteur commercial allaient dépasser les fonctionnaires en terme de nonsense. Même si toutes les banques brandissent la loi cadre comme raison (ou plutôt comme excuse), chacune semble avoir sa propre version de cette loi.

Le plus grand obstacle, une épine dans le talon, pour un investisseur aujourd’hui c’est l’ouverture du compte bancaire. Complètement à l’opposé de l’ile Maurice des affaires.

Il est clair que cette situation a un lien direct avec le classement de Maurice sur la liste des paradis fiscaux, en sa capacité de juridiction Offshore. Pas la première fois. Pas sorcier non plus. Nous savons tous que les organisations ou personnes qui recherchent l’anonymat dans les affaires (et une loi qui leur promet une structure opaque) , ont quelque chose à cacher. Il est évident que les incitations ou la fiscalité presque inexistante en zone offshore ouvrent la porte à des pratiques peu catholique. Les banques jouent un rôle clé dans ce secteur car n’est-ce pas par eux que passe l’élément essentiel : l’argent ? Aujourd’hui, ces convoyeurs de fonds veulent montrer patte blanche.

Le dommage collatéral est naturellement les entreprises légitimes qui opèrent ou veulent opérer en toute transparence. Nous parlons ici des sociétés domestique à responsabilité limitée, ou encore des auto-entrepreneurs. La difficulté que ceux-là rencontrent pour ouvrir un compte bancaire est une pancarte que brandissent les banques pour démontrer que la chose n’est pas facile, que les banques sont strictes. La vitrine de l’innocence.

C’est quasiment une lettre d’amour collective adressée aux organisations mondiales responsables pour la classification des juridictions (Banque Mondiale, Fond Monétaire International, OECD, etc.). L’enjeu est énorme, ou plutôt devrait-on dire que le pactole est énorme. Il y a tellement d’argent sur la table que l’on essaie à tout prix de protéger ce secteur. La juridiction mauricienne s’est longtemps frotter les mains avec des transactions d’une autre dimension, et ce, à tous les niveaux ; des deals sportifs (cricket en Inde, objets d’arts, tableaux de maitre, biens fonciers, holdings douteuses, yachts et jets privés, showbiz… la liste est longue).

Le dommage collatéral imposé aux entreprises domestiques ne cause aucun mal aux banques. Au contraire ceci est devenu leur habit de moine. Vous noterez que cet article ne parle même pas d’une demande de financement, mais uniquement de l’ouverture de compte !

L’entrepreneur avec une boutique en face de la banque a plus de difficultés pour ouvrir un compte en banque que l’entrepreneur invisible opérant dans l’offshore et n’ayant jamais foulé le sol mauricien. Allez comprendre.

Finalement, ce n’est pas le cadre juridique pour la création d’une entreprise ou le cadre juridique pour obtenir un permis de séjour qui sont les plus compliqués. Oui, c’est ouvrir un compte avec son argent qui vous fera mordre vos doigts.

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